Les grands avaient décidé de déménager. Nous, les petits, on n'avait pas eu notre mot à dire. On nous avait déclaré "ce sera chouette, un nouvel appartement, chacun votre chambre, un grand balcon". Nous, on ne savait pas trop où on mettait les pieds. Comme c'était un immeuble neuf, le jour de l'emménagement, un ballet de camionnettes avait envahi les rues. Les copains des parents montaient lentement les escaliers les bras chargés de cartons et de tout un tas d'électroménager. Au retour, ils couraient. Comme si on était pressés. Nous, les mômes, on essayait de ne pas trop bouger, de ne pas être dans leurs pattes, comme ils disaient. On regardait nos semblables de loin, on se demandait si un jour on serait copains. On regardait ces petits volumes en bois, c'était comme des maisons en KAPLA® : il y avait un grand jardin où on jouerait des mercredis entiers, des escaliers qu'on dévalerait quand on serait en retard à l'école, des terrasses sur lesquelles les grands organiseraient des apéros, plein de chambres qui deviendraient nos terrains de jeu et qu'il faudrait souvent ranger, une crèche pour les plus minus d'entre nous, et des petits coins où on échangerait nos premiers secrets. C'est vrai que c'était chouette. Nos parents nous avait jetés là, c'est ici qu'on allait grandir, c'est d'ici qu'un jour on partirait.